Miam Monster Miam Soleil Noir (Compact disc)

€ 20.00

 

27 ans à peine et quatre albums au compteur. Celui que l'on comparaît à Daniel Johnston, Jonathan Richman et Boby Lapointe au début de ses aventures délicieusement rocambolesques, a entamé un virage radical qui le conduit dans les méandres de l'exploration de l'âme et rapproche sa démarche de celle des Ferré, Brel et Gainsbourg.

Miam a délivré tour à tour deux albums beaux et sombres, sophistiqués et délicats. "Forgotten Ladies" et "Soleil Noir" sont à ranger aux côtés de Nick Drake et Leonard Cohen.

Soleil Noir (36 Cowboys/Soundstation, Bang!, 2005)

Soleil noir est le quatrième album du prolifique Miam Monster Miam. Prolongeant la veine noire et folk du précédent album, Soleil noir prend le pari d’être à la fois un disque sombre et flamboyant, qui fait la part belle à l’introspection, aux souvenirs fantasmés, et aux images cinématographiques. L’album s’écoute comme un secret que l’artiste-interprète nous chuchoterait à l’oreille. Le chant, quelquefois proche du récitatif, est d’ailleurs paisible, rassurant, et délicatement posé.

Mais Miam Monster Miam nous a déjà appris à nous méfier de l’eau qui dort. Au détour d’un délicat phrasé, une intonation, un mot ou un souffle peuvent mordre l’auditeur et ne pas vouloir lâcher prise avant le lever du soleil. Car Soleil noir est un disque nocturne et le chanteur funambule ose un lyrisme tout en retenue. Il est fort bien aidé par les textes, souvent mélancoliques et poétiques, toujours chargés d’une réelle tension narrative, du cinéaste Olivier Smolders dont le français ciselé habille la voix de Miam Monster Miam comme d’un gant (de velours).

Musicalement, l’album ose aller au bout des ses rêves d’un folk anglais et d’un blues américain. Ainsi, au fil des plages, on croise les fantômes de John Fahey, le génie de la guitare acoustique à qui Miam rend hommage au détour d’une chanson, et de Nick Drake, dont les arrangements somptueux et fragiles de l’album Bryter Layter trouvent ici échos. Plus loin, on traverse les ombres de Bob Dylan ou de Léo Ferré en s’accompagnant des guitares de Ry Cooder (période Paris Texas).

Hypnotique, l’album contient ses moments d’éclats. Le simple Sophie, vite obsédant, tire le parti vénéneux d’une improbable rencontre entre une entêtante comptine pour enfant, une vertigineuse composition à la Elliot Smith et le charme désuet d’une pop-folk à la Benjamin Biolay. La rivière assure un dépaysement total, tant dans l’espace que le temps, grâce à quelques accords venus de pays lointains et sans frontières, soutenus par un texte réveillant les images cinématographiques les plus enfouies. Enfin, L’origine du monde se paye le luxe de la présence de l’Orchestre Philharmonique de Liège pour un conte envoûtant entre grandiloquence et dépouillement.

Un album audacieux et sincère, hanté et habité, reposant aussi sur le talent de ses prestigieux musiciens : Jacques Stotzem, Philippe Doyen, André Klenes et Renaud Lhoest. Un disque d’automne sans doute, mais d’un automne gagné par l’été indien.

 

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